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Isabela Vasiliu-Scraba
LES
INTERFERENCES DES CULTURES DANS LA LITTERATURE
EUROPEENNE
CONTEMPORAINE
Des influences roumaines dans l'oeuvre d'Eugène Ionesco. Le coté risqué
de la problématique des influences. Un cas paradigmatique de l'interpénétration
des cultures européennes: Alexandru Cioranescu. Quelques traits de la culture
européenne. Une modalité impropre de voir l'opposition Occident / Orient.
Quatre fameux amis: Mircea Eliade, Eugène Ionesco, Emil Cioran et Constantin
Noica. Une récente conséquence de
l'usage impropre de l'opposition Occident / Orient.
Rares
sont les écrivains qui témoignent les influences qu'ils ont subies dans leurs
écrits. Eugen Ionescu fait figure à part. Dans son Journal (en miettes) il reconnaît ouvertement l'influence de Ion
Luca Caragiale (1852-1912) et d'Urmuz (1883-1923). Il mentionne aussi qu'il a
été influencé, par les poètes surréalistes, spécialement par Tristan Tzara. Le
souvenir de sa jeunesse, la nostalgie du pays (82) de ses premiers succès littéraires, et, peut-être, une certaine dose d'orgueil,
lui fait dire dans un interview que la Roumanie est le pays qui a donné à la
France un grand nombre de célébrités:
Anna de Noailles (née princesse Brincoveanu), Constantin Brâncusi,
George Enescu, Stephane Lupasco, Panait Istrati, Benjamin Fondane, Voronca,
Isidor Isou, D. Trost, Tristan Tzara, Mircea Eliade, Emil Cioran.
La
multitude de ces noms prouve que les roumains ne sont pas restés en marge de la
culture européenne. Dans leur pays, ils ont fait circuler les grandes oeuvres
de la littérature européenne, par exemple Dan Dutescu (1918-1993), ancien
professeur de l'Université de Bucarest et d'autres traducteurs.
Beaucoup
d'hommes de lettres roumains ne sont pas seulement des créateurs originaux,
mais aussi d'excellents traducteurs. Pour en citer des exemple, les grands poètes de la littérature
roumaine contemporaine, - Lucian Blaga, Ion Barbu, Tudor Arghezi, Radu Stanca,
Dan Botta, Stefan Augustin-Doinas, Eta Boeriu, Ion Caraion, Barbu
Brezianu, Ion Frunzetti, Gellu Naum,
Alexandru Philippide, Vasile Voiculescu, Romulus Vulpescu -, ont fait aussi travail de traducteurs
(pour ne parler que des poètes).
Je
ne crois pas qu'il y ait de grand écrivain, dans n'importe quel pays européen,
qui lise exclusivement dans sa langue maternelle.
Que
l'Allemand Schopenhauer ait lu les Upanishad dans la traduction française d'Aquentil-Dupperron n'est pas quelque chose
d'étonnant. Peut-être un peut étrange est ce que les français aient pu lire
Schopenhauer, pour la première fois, dans la traduction française d'un Roumain,
J.D. (Zizin) Cantacuzino.
Parler des influences étrangères - que
les grands oeuvres des écrivains roumains ont subis - me semble un sujet
d'extrême envergure. En outre, c'est un sujet risqué en quelque sorte, compte
tenu de la routine installée dans ce domaine pendants la période communiste,
hostile à la culture. C'était la période où les études sur les écrivains roumains à travers les sources étaient à l'apogée,
pour minimiser leur contribution originale. Il y avait de vrais tournois
d'érudition pour diminuer d'une manière artificielle la personnalité d'un
écrivain, en décomposant en pièces sa création, pour mieux souligner les
influences. On négligeait non seulement
les différences, mais aussi le substratum irréductible, qui fait l'originalité
et la valeur de l'oeuvre et qui est au-dessus de tout influence.
À
la suite de cette sorte d'érudites investigations, on est resté avec quelque
chose: les sources étrangères sont bien mises en lumière, elles ne demandent
plus d'effort pour être trouvés.
Mais, à-propos de l'érudition, il faut signaler un
cas hors du commun, et, en même temps, paradigmatique de la <<rencontre des
cultures>> dans l'espace européen. Pour écrire (en français) les sept
volumes de la BIBLIOGRAPHIE DE LA LITTERATURE FRANCAIS AU XVI-e SIECLE ( Paris, 1959, 747 p),
BIBLIOGRAPHIE DE LA LITTERATURE FRANCAIS AU XVII- e SIECLE ( Paris, 1965, 3 vol., 2231 p)
et BIBLIOGRAPHIE DE LA LITTERATURE
FRANCAIS AU XVIII-e SIECLE ( Paris,
1969, 3 vol. 2317 p) Alexandru Cioranescu (né en 1911 en Roumanie) a lu 60.000
titres. Dans sa jeunesse, il a été disciple de l'historien roumain
Nicolae Iorga (1871-1940), professeur à l'Université de Bucarest, qui, lui
aussi, avait impressionné ses contemporains par son immense érudition dans les domaines de l'histoire et de la
littérature roumaines.
Spécialisé
dans la littérature comparée, Alexandru Cioranescu (qui a commencé à
publier, - comme Mircea Eliade -, dans la revue du lycée "Spiru
Haret"), par cet oeuvre de
référence, n'a pas épuisé toutes ses forces.
Il a écrit aussi BIBLIOGRAFIA FRANCO-ESPAGNOLA, 1600
- 1714 (Madrid, 1977, 707p) et DU BAROQUE ESPAGNOL AU CLASSICISME FRANCAIS
(Genève, 1982, 611 p.). Il a trouvé
encore des ressources pour traduire Dante (LA DIVINE COMEDIE, Lausanne, 1964),
pour écrire un dictionnaire
étymologique ( DICCIONARIO
ETIMOLOGICO RUMENO, La Laguna, 1966, 1184 p.), pour écrire sur l'histoire de la Roumanie, sur l'histoire des Iles
Tenerife, sur la littérature espagnole, sur la littérature roumaine, sur l'esthétique, sur les principes de la littérature comparée, trois volumes de poèmes et un roman. La
liste des prix et des décorations qu'il a reçus est vraiment longue: le
<<Mérite Culturel>> (Roumanie, 1943), le <<Padre
Anchieta>> (Brésil, 1955), le
<<Gustave Brunat>> de l'Académie des Inscriptions de Paris (1960),
les <<Palmes académiques>> (Paris, 1960), l'<<Ordre National
du Mérite>> (Paris, 1980), etc.
Seul Mircea Eliade, avec sa force de création
et son
érudition dans le domaine de l'histoire des religions, peut
impressionner de la même manière.
Membre de cinq Académies et professeur <<honoris causa>> de
dix Universités, Mircea Eliade - lui
aussi un grand admirateur du professeur Iorga -, a écrit un oeuvre scientifique
en 40 volumes et un oeuvre littéraire en 20 volumes.
Revenant
au problème des interférences culturelles, il surgit la question suivante: les
cultures des pays de l'Europe se
sont-elles développées dans l'isolation, dans un climat de serre ? À cela il n'y a d'autre réponse que
<<non>>.
La
culture européenne, chrétienne depuis son début - parce que l'Europe n'a pas existé avant le christianisme -,
est quelque chose qui se constitue en permanence, par le dialogue des
cultures. Intériorisée et transmise par
ceux qui la partagent, la culture européenne devient un trésor commun de
valeurs qui nourrit les cultures des pays de l'Europe.
En
définitive, nous parlons de la culture européenne parce qu'à sa base se
trouvent l'anciennes cultures grecque et latine et la culture chrétienne.
Toutes les nations, soient elles grandes ou petites, sont les héritières
des ses valeurs culturelles.
Aujourd'hui,
parler de la culture européenne peut sembler une sorte d'évocation nostalgique
du passé, dans un présent dominé par la dimension planétaire de la culture
américaine. À mon avis, c'est une fausse impression. Les temps où Paul Valéry écrivait plein d'amertume que le
rêve de l'Europe est d'être gouvernée par une commission américaine, sont
essentiellement différents de nos temps.
Ces jalons une fois posés, nous pouvons
maintenant réfléchir sur quelques questions susceptibles de créer des
malentendus. Après l'extension du
pouvoir de l'Empire Soviétique sur les pays de l'Europe Centrale et de l'Est, à
la suite du moment Yalta (1945),
l'opposition Occident / Orient a commencé d'être conçue comme
l'opposition capitalisme / communisme.
Par
malheur, dans les discours politiques, peu attentifs aux nuances, elle a fait
une vraie carrière, parce qu'au point de vue de la culture de ces pays
européens, cette opposition
représentait une opposition vide de sens.
Les
trois amis, Mircea Eliade, Eugen Ionescu
et Emil Cioran sont venus de
Roumanie en France. Ils avaient fait
leurs études secondaires dans des
fameux lycées de Bucarest. Le temps de
leurs études universitaires ils l'ont passé ensemble, à Bucarest,
auprès de la fascinante figure de leur professeur de philosophie, Nae Ionescu
(1890-1940). Après l'épisode de l'Inde (1928-1931), Mircea Eliade a été pendant plusieurs années l'assistant de Nae
Ionescu.
On
ne peut pas dire que, formés dans une culture <<Orientale>>, tous les trois sont devenus fameux dans une
culture <<Occidentale>>.
Mais,
à vrai dire, il y avait quatre amis. Le quatrième, Constantin Noica
(1909-1987), philosophe et, en même temps, maître dans l'art d'écrire, est
resté en Roumanie. Après une douzaine
d'années de prison et de domicile obligatoire, il est devenu le plus grand
philosophe roumain de ce fin de siecle, sans manifester, dans ses écrits, la
moindre sympathie envers le marxisme officiel.
Sa performance a été possible à l'aide de l'extraordinaire style
poétique des ses oeuvres philosophique. Mais, puisque la Roumanie n'est pas la
France, par comparaison à la gloire des ses amies, sa gloire est presque
rien. Pour souffrir à cause de ça,
Noica devait avoir le grand orgueil de son ami, Cioran, orgueil qui précisément
lui avait manqué. Quand il a voulu faire
(en France) publicité autour d'un nom de philosophe roumain, il a
choisi les écrits philosophiques de Lucian Blaga (1895-1961), et non ses
propres écrits.
Pour
revenir à l'opposition Occident /
Orient, il faut remarquer une récente
conséquence de l'usage impropre de cette formule. Je pense au faux problème de la <<réunification culturelle de l'Europe>>. On se
propose d'unifier quelque chose qui n'a été jamais séparée.
Pendant
les 45 années de communisme, les livres sur commande, les poèmes glorifiant le
parti unique, ont eu assez de temps pour disparaître d'une façon naturelle. À
la preuve du temps, résistent seulement
les valeurs authentiques, qui, dans le plan spirituel, naissent dans n'importe quel régime
politique. Un argument édifiant à l'appui de cette affirmation est le prix
Nobel (1996) qui a couronné l'activité
littéraire de Wislatwa Szymborska (n.1923).
Elle a écrit et publié tous ses
livres dans une Pologne communiste.
À
la fin, on peut observer que l'on doit être non seulement Roumain, mais aussi exilé, pour penser de la
manière suivante:
<<...la
Grèce ne l'emporta, dans le domaine de l'esprit, que lorsqu'elle cessa d'être
une puissance et même une nation; on pilla sa philosophie et ses arts, on
assura une fortune à ses productions, sans qu'on pût s'assimiler ses
talents>> (Emil Cioran).
Communication aux « Colloque de
Namur (Belgique) » du 26-29/7/1998
sur LA RENCONTRE DES CULTURES DANS LA LITTERATURE EUROPEENNE CONTEMPORAINE.
(82) v. Gelu Ionescu, LES DÉBUTS LITTÉRAIRES
ROUMAINS D'EUGÈNE IONESCO (1926-1940),
traduit du roumain Mirella Nedelcu-Patureau, Heidelberg, Carl Winter-Universitätverlag,
1989.